Le 2 février dernier Paris&Co organisait une table ronde autour de l’entrepreneuriat féminin dans l’innovation urbaine. Modérée par les youtubeuses Camille et Justine, et soutenu par Empow’her, Sista et Willa, ce débat réunissait des fondatrices aux parcours et vocations différentes avec un but commun : soutenir les femmes qui entreprennent pour construire une ville plus durable.
Cet événement est né d’un dur constat : seulement 17% de femmes ont rejoint la dernière promotion de startups du programme de Paris&Co dédié à la ville durable. La question du secteur est essentielle : si trois quarts des femmes entrepreneures exercent dans industrie de l’habillement, la coiffure et la beauté, seules 5 à 10% œuvrent pour les secteurs de la fabrique de la ville que sont la construction, la logistique ou encore l’immobilier.
Mais la question ne se limite pas au secteur et dévoile des racines plus profondes. Seulement 1% des équipes fondatrices des startups sont entièrement féminine selon Willa. Ce chiffre peut s’expliquer par la faible confiance que les femmes affichent en leurs capacités entrepreneuriales puisque 29% seulement déclarent avoir confiance en leur capacité pour créer une entreprise contre 42% pour les hommes. De plus, les entrepreneures peinent à se financer. D’après l’édition 2021 du baromètre Sista, 88% du montant des levées de fonds en France sont captées par des équipes entièrement composées d’hommes.
Cette table ronde était animée par Camille et Justine, un duo de comédiennes et youtubeuses féministes qui portent un regard critique sur la société et les biais sexistes quotidiens. A leurs côtés, Maud Caillaux, cofondatrice de Green Got, une néo-banque éco-responsable, Natacha Hulmel, fondatrice de My Ben, une plateforme de location de bennes pour les professionnels, Pauline Richard, cofondatrice de Sezaam, la boîte à colis connectée à son quartier, Yasmine Iamarene, fondatrice de Midi Pile, leader de la logistique éthique qui forme et embauche 50% de livreuses et Souad Bougabret fondatrice des DesCodeuses, association incontournable de l’insertion professionnelle des femmes dans la tech. Toutes exercent dans des secteurs particulièrement masculins et s’engagent pour leur féminisation, mais aussi pour la transition de notre société vers des modèles plus durables.
Discrimination positive, égalité parfaite, biais déterministes… le débat a montré que les expériences des intervenantes étaient singulières et les sensibilités différentes à propos de cette aventure personnelle qu’est l’entreprenariat. « Moins de femmes sont dirigeantes mais la performance économique de leurs entreprises est bien meilleure » affirme Souad Bougabret. « Le fait d’être dans une équipe mixte nous rappelle au quotidien qu’il peut ne pas y avoir de différence entre un homme et une femme dans l’entrepreneuriat » ajoute Pauline Richard.
La détermination de ces fondatrices est un exemple à suivre pour toutes celles qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure. “Si ce n’est pas par la porte, je rentrerai par la fenêtre ou la cheminé, mais je ne laisserai personne m’empêcher d’atteindre mes objectifs” assure Yasmine Iamarene.
Malgré les difficultés rencontrées par les intervenantes, toutes s’accordent à dire que chaque femme est à sa place dans sa démarche entrepreneuriale. « Il faut arrêter d’écouter les autres, croire en soi et en ses rêves » conclue Natacha Hulmel.
Cette table ronde a été l’occasion d’insuffler une bonne dose d’inspiration. Et de constater également que depuis plusieurs années, l’entrepreneuriat féminin a désormais le vent en poupe. « Le fait d’être une femme, c’est une carte que j’ai jouée médiatiquement » indique ainsi Maud Caillaux.
La mixité des équipes dirigeantes des entreprises accompagnées par Paris&Co constitue un facteur essentiel de démocratisation de l’entrepreneuriat féminin. En 2021, 36% des équipes dirigeantes étaient féminines ou mixtes, le niveau le plus haut depuis 2018. Et pour la première fois cette même année, le nombre d’entreprises accompagnées créées par au moins une femme dépassait les 50%.
L’objectif est de faire mieux sur la promotion 2023 en cours de recrutement jusqu’au 9 mars.